Le BIM : avant tout une affaire de dirigeants
Cet article explique l'implication des dirigeants dans l'adoption du processus BIM. Le processus BIM comprend non seulement une dimension technique, mais également stratégique et managériale (rendement, productivité, changement, règles, etc.) qui relèvent bien de la responsabilité des dirigeants.
Classifications, nomenclatures, IFC, modèles paramétriques, nuages de points... autant de jargonnage que les dirigeants d'entreprises du secteur du bâtiment entendent à longueur de journée et avouons-le, sans toujours comprendre de quoi il en retourne vraiment.
Le BIM : la vision d'un monde qui change
Le BIM est une révolution dans la manière de construire les bâtiments et la ville de demain. Il remet en question les modes de fonctionnement de l'entreprise, de partage de l'information aussi bien en interne que vers les tiers et demande l'apprentissage de nouvelles compétences. Il permet de mieux concevoir, construire, rénover et exploiter !
En cela, il est important que les équipes dirigeantes soient convaincues que plus rien ne sera comme avant.
Le BIM : un enjeu de conduite du changement
Alors oui, l'innovation a toujours été crainte. Les années 1990 par exemple, ont balayé nombre d'acteurs qui n'ont pas perçu l'opportunité de nouvelles techniques telles que déjà le DAO et plus tard la CAO. Le même constat peut être fait aujourd'hui : le BIM et ce qu'il implique en termes de bouleversements effraient toujours.
Bien sûr, des coûts directs seront nécessairement engagés : nouveaux logiciels, sensibilisation voire formation du personnel, nouvelles stations de travail, etc. De même, il faut s'attendre dans les premiers temps à une perte de rendement puisque le BIM est un changement radical auquel il faut consacrer du temps d'adaptation et de prise en main.
Néanmoins, une fois ces obstacles surmontés, le coût impliqué par ces ruptures profondes est nettement compensé. Le BIM en exploitation n'apparaîtra plus comme une source de surcoût, mais comme un véritable outil de "création de valeurs" !
Le BIM : une révolution managériale et organisationnelle
Ce n'est pas nouveau, pour les managers du bâtiment, la technicité a toujours prédominé dans la structuration des organisations. Or, n'est-il pas un enjeu majeur des dirigeants que de transformer leur organisation afin qu'elle prenne en compte ces nouveaux modes de fonctionnement ? La maquette numérique, en permettant à tous les acteurs du projet de travailler sur un seul et même espace, impose un nouveau système de management en mode projet. Nous sommes ainsi passés d'une ingénierie séquentielle à une ingénierie dite simultanée ou concourante.
Il est du ressort de chacun d'intégrer et de s'approprier le travail collaboratif, c'est-à-dire la capacité de l'ensemble des intervenants à coopérer pour atteindre un objectif commun : la réussite du projet... sur toute sa durée de vie !
C'est grâce à la collaboration numérique entre ces acteurs que l'on peut aujourd'hui bénéficier d'une base de données fiable sur le long terme, collaborative et mutualisable, une avancée considérable dans notre secteur où certains acteurs sont bien loin du zéro papier.
Le BIM : une technologie qui dope la productivité
Néanmoins, pour coopérer, il faut des règles ! Il faut savoir à la fois structurer les processus et changer les méthodes de travail de chacun. AMO BIM et BIM Managers ont aujourd'hui comme objectifs de garantir que l'ensemble des acteurs ait un cadre commun de collaboration propre au projet. En cela, les démarches qualité de type ISO ne sont pas si éloignées de la démarche du BIM. Ces démarches ont longtemps été attaquées pour leur rigidité et le peu de place qu'elles laissaient à la créativité.
Pourtant, elles ont rapidement montré leur capacité à accélérer les retours sur investissements par l'amélioration continue, la consolidation du savoir-faire (la mémoire de l'entreprise) et les gains de productivité. Le BIM tend vers les mêmes objectifs. Des études réalisées sur les 2 dernières années démontrent une augmentation moyenne de la productivité d'environ 20-30 % pour les entreprises ayant fait ce pari. Le coût initial serait alors amorti au bout de 2 ans ! Investir dans l'identification et le maintien de processus de production en BIM, constitue une formidable opportunité pour l'entreprise de performer bien au-delà des projets purement BIM !
Le BIM : un modèle créateur de nouveaux business
Les ruptures profondes qu'implique le BIM sont génératrices d'opportunités de croissance. Patrick Vrignon, Président de BTP Consultants, l'a souligné en début d'année, en déclarant : " Les requêtes automatiques sur de la conformité réglementaire feront disparaître le métier de Contrôleur Technique au profit de métiers autour du management de risque".
Et si aujourd'hui le BIM a progressivement conduit à repenser le métier de Contrôleur Technique, pourtant clé de voûte de notre secteur, il est certain que d'autres grandes évolutions de ce type sont à prévoir ! De formidables opportunités se dessinent pour les entrepreneurs et les dirigeants du monde du bâtiment leur permettant de réinventer leur métier et leur équation de valeur, mais également d'innover pour créer des opportunités de croissance. Le BIM est donc bien une innovation de rupture qui tend à bouleverser l'ordre établi dans le secteur du bâtiment, en générant de nouveaux modèles économiques.
Bref : une affaire de dirigeants
Le BIM est avant tout un processus stratégique, d'aide à la décision, de maîtrise des phases de réalisation ou encore d'aide à la gestion, exploitation et maintenance. Vous l'avez compris, le BIM ce n'est donc pas que de la technique. C'est également un processus long de changement et de posture de son entreprise qui ne tire pas sa légitimité dans la maîtrise technique, mais bien dans sa dimension stratégique et managériale. Et cela ne relève que de la responsabilité des dirigeants.
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